Le réservoir aquifère du Cénomanien est constitué principalement par les niveaux sableux (sables du Perche, de Varennes et de Vierzon). Les marnes à Ostracées recouvrent et protègent ceux-ci, sur la majeure partie de l’aquifère , assurant la mise en charge de la nappe.
Au nord-est de la région Centre (Gâtinais), le Cénomanien est marno-crayeux, profond et peu/pas productif.
Caractéristiques/type d’écoulement : il s’agit d’un aquifère de type poreux, où l’eau s’accumule et s’écoule dans les interstices des sables. Dans le cas de passées gréseuses, une composante liée à la porosité de fissure est également possible. A Vendôme, la porosité des Sables du Maine a été estimée de l’ordre de 8 à 10 %. La transmissivité de l’aquifère varie de 1.10-2 m 2/s aux affleurements du Nord-Ouest à moins de 1.10-4 m2/s au Sud, dans l’Indre.
Etat libre/captif : La nappe, captive hors des affleurements, est drainée par la Loire. L’eau est artésienne et jaillissante sur quelques forages profonds.
Sens d’écoulement : La presque totalité de la nappe du Cénomanien s’écoule globalement vers la Loire, ce qui est normal même pour une nappe profonde captive. Mais elle est drainée plus localement par les principaux affluents (Sarthe, Loir, Vienne…). L’exutoire final se situe sur la vallée de la Loire en aval de Saumur.
Fluctuations piézométriques : les variations saisonnières sont relativement importantes au centre du bassin Loire-Bretagne (Indre-et-Loire) et localement sur les bordures où les captages sont très nombreux (nord de Chatellerault par exemple). Elles dépassent légèrement 1 m et le maximum est atteint à l’Est, dans le Cher. Ailleurs, elles sont le plus souvent inférieures à 0,5 m. La nappe du Cénomanien est donc une nappe relativement peu sensible, à l’inverse des nappes de la Craie ou du Jurassique qui sont plus transmissives mais moins capacitives.
Suite à une exploitation relativement importante au regard de son alimentation, on assiste à un abaissement progressif de la nappe en domaine captif profond (région de Tours, vallées du Cher et de la Vienne, Sologne, …).
Productivité : La productivité de l’aquifère est très importante dans la Sarthe et le Maine-et-Loire où les sables affleurent sur une grande épaisseur (plus de 100 m3/h) ; elle est plus modeste dans la région, au fur et à mesure que l’on s’enfonce vers le centre de la fosse où les bancs de sable s’amincissent, se chargent en argile ou se cimentent (grès ) ; elle se réduit également rapidement vers l’est et le sud. Des débits de l’ordre de 100 m3/h peuvent être obtenus sous la ville de Tours, mais ils ne sont plus que de 10 à 20 m3/h sous la Sologne ou en Eure-et-Loir.
Prélèvements/usages : En domaine captif, les débits d’exhaure sont trop faibles et le coût des captages trop élevé pour permettre une exploitation à des fins agricoles. La nappe du Cénomanien est presque exclusivement captée pour l’alimentation humaine.
Vulnérabilité : De par la lithologie du réservoir et la couverture marneuse épaisse, la nappe est peu vulnérable dans sa partie captive, aux activités humaines de surface.
Age des eaux : Des datations au radiocarbone ont montré que les eaux étaient anciennes dans la partie captive de la nappe pouvant atteindre plus de 10 000 ans dans sa partie centrale. Dans un périmètre Blois-Bourgueil-Loches-Billy, l’âge de la nappe approche ou dépasse 30 000 ans avec un maximum de 43 500 ans à Langeais, ce qui, selon des lignes d’écoulement Bourges-Langeais, et Chateauroux-Langeais, correspond à une vitesse moyenne de 2 m par an.
Qualité de l’eau : L’eau de la nappe du Cénomanien est généralement peu minéralisée (faible conductivité), présente un pH à tendance acide et une faible dureté (10° F environ). Les concentrations en chlore et en fer sont souvent élevées. En domaine captif, la teneur en nitrates est généralement faible, voire nulle. En Touraine, en domaine captif, l’eau présente une minéralisation moyenne, avec une influence d’un milieu calcaire du fait, probablement, des échanges verticaux (pH >7, dureté de 20°F ou plus). Localement, on observe des anomalies, comme un excès de potassium, de fluor.
Problématiques/enjeux : Une baisse régulière des niveaux dans certaines parties de la zone captive est observée depuis une trentaine d’année notamment en Touraine. Cette fragilisation de la nappe se traduit par une baisse de productivité des ouvrages, et un risque de « dénoyage » de la nappe dans certaines zones d’exploitation. La nappe du Cénomanien a été mise en Zone de Répartition des Eaux. Par ailleurs, elle est identifiée dans le SDAGE Loire-Bretagne en tant que nappe à réserver pour l’alimentation en eau potable.