Les formations jurassiques constituent en fait un grand ensemble, caractérisé par une succession de marne ou d’argile , et de calcaire . Les réservoirs aquifères correspondent aux bancs calcaires. Ces formations affleurent dans la partie sud de la région (départements de l’Indre et du Cher), plongent globalement vers le nord, et se trouvent en profondeur sous les couvertures sédimentaires d’âge plus récent.
Les principaux niveaux aquifères sont :
- Jurassique supérieur ou Malm : Tithonien inférieur, Oxfordien moyen à Kimméridgien inférieur ;
- Jurassique moyen ou Dogger : Bathonien moyen à Callovien inférieur ;
- Jurassique inférieur ou Lias : Hettangien et Sinémurien.
Caractéristiques/type d’écoulement : Les bancs calcaires sont presque toujours compacts, intrinsèquement imperméables. L’eau ne peut être contenue que par une perméabilité secondaire dans des fractures, fissures, voire du karst, qui sont liés à des accidents structuraux (failles, anticlinaux) et des zones d’altération et dissolution (principalement le long des vallées). Il arrive que, sous certains faciès, le calcaire présente une porosité et perméabilité primaire : ce sont les calcaires récifaux et les calcaires oolithiques, graveleux, pisolithiques.
Etat libre/captif : la partie captive des nappes calcaires est mal connue (fissuration/karstification ? productivité ?), en dehors du Dogger qui présente une perméabilité primaire. La nappe des calcaires du Malm, prédominante sur la région du Berry, est généralement libre .
Sens d’écoulement : Les relations de ces systèmes aquifères avec les apports atmosphériques et avec le réseau hydrographique sont très différentes selon leur profondeur et selon la présence de formations géologiques peu ou pas perméables, qui les recouvrent et les séparent au moins partiellement de la surface du sol ou qui sont intercalés dans la série calcaire . La nappe du Jurassique supérieur, laquelle est rapidement captive, est alimentée aux affleurements, et s’écoule globalement vers le nord ; lorsqu’elle est profonde, l’eau peut jaillir par artésianisme. L’écoulement de la nappe libre du Jurassique supérieur est fortement influencé par le réseau hydrographique : de manière schématique, la nappe est alimentée par les pluies sur les plateaux et elle est drainée par les rivières.
Fluctuations piézométriques : compte-tenu des caractéristiques de ce système aquifère (calcaires fissurés/karstiques), la nappe est très réactive dans sa partie libre. Les fluctuations saisonnières de la nappe sont fortes, en particulier au centre des plateaux. On constate bien souvent une succession de cycles annuels de recharge (en hiver) puis de décrue, accentuée par les prélèvements pour l’agriculture à partir du mois d’avril-mai.
- Courbe piézométrique de la nappe (libre) du Jurassique supérieur - exemple à Plou (18) - (période 2010-2012)
Productivité : La productivité est très variable, du fait du caractère discontinu des réservoirs : les débits peuvent être très faibles mais peuvent aussi dépasser 100 m3/h. La recherche d’une ressource nécessite le repérage de zones fracturées. Les forages exploitant les couches de calcaires oolithiques du Dogger de la région de Châteauroux donnent généralement de bons débits spécifiques (3 à 10 m3/h/m).
Prélèvements/usages : Dans la région du Berry, l’aquifère du Malm est l’unique ressource accessible pour les différents usages (eau potable, agriculture, industrie). En raison d’une dégradation de la qualité de l’eau de la nappe, le recours à « l’importation » de l’eau de la nappe alluviale de la Loire (située à plus de 50 km) a été nécessaire pour l’alimentation en eau potable de Bourges.
L’eau du Dogger constitue la principale ressource dans l’Indre au sud de Châteauroux, pour tous les usages.
Vulnérabilité : Ces nappes sont très vulnérables aux pollutions quand elles sont libres, en particulier dans les zones où le niveau piézométrique est peu profond. Même lorsqu’elles sont captives, la protection naturelle de la nappe n’est pas assurée compte-tenu des conditions incertaines de leur réalimentation (transferts latéraux rapides possibles depuis les zones d’affleurement ou à partir de points de perte de cours d’eau).
Qualité de l’eau : La minéralisation est généralement assez élevée (500 à 1000 µS/cm), à dominante d’ions hydrogéno-carbonate et calcium, et la dureté est assez élevée (25 à 30°F), soit une eau à tendance incrustante.
Problématiques/enjeux : Du point de vue quantitatif, les besoins pour l’agriculture ont entrainé depuis près de 30 ans une forte augmentation des prélèvements en eaux superficielles et souterraines, dans une région où ces ressources sont très sensibles aux périodes de sécheresse, ce qui peut être à l’origine en période d’étiage d’une baisse très forte du niveau des nappes, et d’un assèchement de nombreux cours d’eau. Du point de vue qualitatif, l’agriculture intensive développée en Champagne berrichonne a entrainé l’usage de fortes quantités d’engrais et de produits phytosanitaires, entrainant des pollutions dispersées et diffuses plus ou moins généralisées. La teneur en nitrates dans l’eau de la nappe dépasse souvent le seuil admis de 50 mg/l.