D’après « Aquifères et Eaux souterraines en France », article dédié au Berry (F. Lelong)
La champagne berrichonne est un vaste plateau faiblement ondulé, où une agriculture intensive couvrant de vastes parcelles s’est développée sur les formations calcaires et marneuses du Jurassique ; des territoires de forêts et de bocage sont toutefois présents dans plusieurs secteurs où des dépôts éocènes fluvio-lacustres, plus ou moins imperméables, recouvrent les calcaires jurassiques.
Les formations jurassiques affleurent au sud du Bassin parisien, s’appuyant sur le socle du Massif central et formant une série d’arcs. Ces formations plongent vers le nord (Indre) à nord-ouest (Cher), recouvertes par la craie du Séno-Turonien à l’ouest et les dépôts détritiques du Crétacé inférieur qui forment le Pays-Fort à l’est, autour de la fosse de Sologne.
Le pendage est accentué pour les couches les plus anciennes qui affleurent en bandes étroites au sud et sud-est ; il s’adoucit pour les plus récentes au nord-ouest, avec un platier au niveau de l’Oxfordien, ce qui se traduit par un paysage monotone très étendu autour de Chateauroux-Issoudun-Bourges et qui forme le trait caractéristique de la Champagne berrichonne.
Après la phase de sédimentation du Trias, la sédimentation s’est poursuivie au cours du Lias, avec des dépôts plus fins, épais de 100 à 300 m, à dominante argileuse, et quelques alternances de dépôts carbonatés d’origine lagunaire.
Les sédiments qui se sont déposés ensuite dans la mer bordant le Massif central complètement arasé, présentent des faciès différenciés géographiquement comme suit :
- Jurassique moyen (Dogger) : ce sont à l’ouest du Cher, des faciès carbonatés de mer peu profonde (calcaires dolomitiques, calcaires oolithiques et à entroques, avec des lentilles récifales, des traces d’épisodes d’émersion et de karstification) ; à l’Est du Cher, par contre, on trouve des faciès de mer plus profonde, marnes et marno-calcaires.
- Jurassique sup (Malm) : les calcaires francs prédominent encore largement à l’Ouest du Cher, mais des niveaux marneux apparaissent vers la base et vers le sommet, et en outre, des couches d’argiles sont souvent intercalées dans ces calcaires ; à l’Est du Cher, les marnes et marno-calcaires prédominent et c’est seulement vers le sommet de la série, affleurante au Nord (région de Bourges), que l’on trouve des couches de calcaires francs.
Les réservoirs aquifères correspondent aux niveaux calcaires.
Abstraction faite des dépôts du Crétacé, les sédiments ont :
- à l’Ouest du Cher, une épaisseur totale de 100 à 200 m pour le Dogger, et 200 à 400 m pour le Malm ;
- à l’Est du Cher, 200 à 400 m pour le Dogger et pour le Malm.
Certains calcaires présentent un faciès différent, il s’agit de calcaires récifaux, oolithiques, graveleux ou pisolithiques. Le calcaire se présente alors sous la forme de grains, ou de sphérules, avec une porosité semblable à celle d’un sable . Les niveaux géologiques concernés sont ceux de l’Oxfordien supérieur (ancien Séquanien), et le Dogger dans l’Indre.
Les nappes contenues dans les calcaires d’âge jurassique constituent les principales ressources en eau souterraine des départements du Cher et de l’Indre.
Ces nappes ont la particularité d’être peu capacitives du fait de leurs caractéristiques physiques (porosité de fissures principalement) et d’être par conséquent très sensibles aux variations climatiques (recharge et vidange rapide).
Elles jouent un rôle important dans l’alimentation des rivières notamment en période sèche où, en absence de pluie, l’essentiel de leur débit est assuré par les apports souterrains.