Les per- et polyfluoroalkylés (PFAS en anglais) sont des substances chimiques synthétiques, d’origine anthropique obtenues par fluoration électrochimique ou polymérisation. Ils sont fabriqués depuis les années 1950. Par leur grande résistance mécanique, thermique et chimique ainsi que vis-à-vis des rayonnements ultra-violets, leurs propriétés à répulser aussi bien l’eau que les corps gras et les impuretés, les composés poly et perfluorés sont des substances utilisées dans divers domaines industriels et produits de consommation courante. Ils sont utilisés comme imperméabilisants textiles, mousses anti-incendies, dans les revêtements antiadhésifs, certains emballages alimentaires etc.
Leur persistance dans l’environnement, leur présence ubiquitaire et leur toxicité suspectée (cancérogénicité, perturbateur endocrinien, immuno-toxicité,…) en font des substances à surveiller.
Quelques faits marquants concernant les PFAS :
- L’utilisation mondiale du PFOS et du PFOA a considérablement diminué depuis 2002 quand le producteur mondial (3M) a volontairement décidé d’éliminer progressivement leur utilisation.
- Interdiction du PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) depuis 2009
- En 2008, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)* a réalisé une étude (ICAR) dont l’objectif était d’estimer l’exposition aux PFAS de la population française adulte, grande consommatrice de poissons d’eau douce.
- Dès 2011 une étude du programme national de bio-surveillance du volet périnatal a permis de fournir des premiers indicateurs de l’imprégnation des femmes enceintes par les composés perfluorés.
- Santé publique France a publié en septembre 2019 une étude dans le cadre du programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016**, qui fait le point sur la contamination humaine par les composés perfluorés.
- Classement du PFOA en cancérigène possible pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), en 2017
- Interdiction du PFOA (acide perfluorooctanoïque) depuis juillet 2020
- Interdiction du PFHxS (acide perfluorohexanesulfonique) depuis juin 2022.
- Frise chronologique des évènements marquants concernant les perfluorés
* Par ailleurs l’ANSES conduit d’importants travaux sur les PFAS pour :
- mieux comprendre les usages, les sources d’exposition (PDF) et la toxicité (PDF) de ces composés ;
- élaborer des valeurs toxicologiques de référence pour certaines substances (PDF) ;
- évaluer le risque associé au relargage de PFOA par les revêtements des ustensiles de cuisine anti-adhésifs ;
- établir un état des lieux de la présence de PFAS dans les ressources en eaux et dans l’eau destinée à la consommation humaine.
**Etude Esteban
Ce travail repose sur le dosage dans le sérum de 17 composés perfluorés (PFC) notamment les PFOA, PFPA, PFNA, PFBA, PFDA, PFHxA, PFHpA, PFUnA, PFHpS, PFHxS, PFDS, PFBS, PFOS et PFOSA dans un souséchantillon de 249 enfants et de 744 adultes.
Les taux de quantification des composés perfluorés sont variables selon les substances, 7 étaient quantifiés à plus de 40 % chez les adultes et 6 chez les enfants.
Le PFOA et le PFOS, les contributeurs les plus importants des niveaux d’imprégnation ont été quantifiés à 100 % aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
Concernant la recherche de déterminants, celle-ci n’a pu être effectuée que chez les adultes en raison du faible effectif de l’échantillon des enfants. Le choix a été fait de construire un modèle pour chacun des 6 PFC les plus quantifiés. Des différences de niveaux d’imprégnation ont été observées selon le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, la consommation de poissons et des produits de la mer, de légumes, l’autoconsommation d’œufs et de lait, l’utilisation des produits ou matériaux pendant les travaux de loisirs ou de bricolage.
Les résultats de l’étude transversale Esteban, une première en France, mettent en lumière la persistance des composés perfluorés dans l’environnement malgré les restrictions d’utilisation de ces composés.